Le
dieu Lion égyptien
Utilisé pendant des siècles, le tombeau de Maïa,
la nourrice du pharaon Toutankhamon, livre un à un ses secrets.
Des archéologues de la Mission archéologique française du
Bubasteio y ont récemment mis au
jour les restes de la première momie de lion. Cette découverte
éclaire le culte voué au dieu Mahes,
le fils de la déesse lionne Sekhmet.
La
tombe de Maïa, creusée au XIVe siècle
avant notre ère, a été découverte en 1996 dans la nécropole
de Memphis. Elle a livré peu de vestiges liés à Maïa : ainsi,
la momie de la Dame de cour n’a pas été retrouvée. De fait,
entre le vie siècle avant notre ère et le ier de notre ère, le dédale de galeries est devenu une
nécropole pour chats, animaux dont on compte les restes plus
ou moins momifiés par milliers dans la sépulture. C’est parmi
eux que le squelette complet du lion a été retrouvé.
La présence de lions dans l’Égypte des pharaons est attestée
par quelques écrits datant de la période gréco-romaine, mais
personne n’en avait encore trouvé de traces. Les observations
ont révélé que celui-ci avait été momifié, bien que de mauvaises
conditions (notamment l’humidité) n’aient pas permis de conserver
de tissus. Le lion n’a pas été sacrifié, mais est mort de
vieillesse. Des pathologies dentaires (des dents usées jusqu’aux
gencives, des abcès) et la trace de côtes cassées semblent
indiquer qu’il vivait en captivité.
Pourquoi ce lion au milieu des chats ? Dans la mythologie
égyptienne, la déesse chatte Bastet
symbolise la famille, le bien-être ou la fécondité. Une autre
divinité, plus archaïque, la déesse lionne Sekhmet, est synonyme
de force et de violence. Les fidèles cherchaient tout autant
à éviter son courroux qu’à s’attirer ses bonnes grâces. Les
deux divinités étaient si proches que Bastet
est parfois représentée sous la forme d’une femme à tête de
lionne. Le lion retrouvé (son sexe a été confirmé) devait
symboliser le fils de la déesse lionne.
Dans l’Égypte de l’époque tardive, l’élevage de chats à des
fins sacrificielles était fréquent. Les chats étaient vendus
momifiés aux pèlerins qui les offraient aux divinités. Objets
sacrés, ils étaient ensuite entreposés dans des catacombes.
Selon l’égyptologue Alain Zivie, cette pratique s’apparente à une radicalisation
des pratiques religieuses et culturelles, face au déclin de
la civilisation égyptienne. Quant au lion, il était une incarnation
du dieu Mahes sur la Terre. Le lion n’était pas tué en masse comme
le chat, car c’est un animal plus rare et plus difficile à
élever en captivité. Il incarnait le dieu jusqu’à sa mort,
et, après, un nouveau lion lui succédait.
Les restes de l’animal n’ont pas encore été étudiés en détail
; une prochaine datation au carbone 14 devrait bientôt révéler
son âge. D’autres momies de lion doivent encore reposer dans
des tombes inexplorées.
Mais
venez donc visiter le site personnel de ce Pharaon, Sekhem-Khet
et les Très Riches Heures
de Sekhem-Khet
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